Gudule m'a répondu
Comment trouvez vous le relookage du blog? Sinon j'ai une super nouvelle;
Pour ceux qui s'en foutent, vous pouvez passer ce post mais Gudule (une grande auteur de 20 ans de carrière et belge) m'a répondu suite au jugement de mon manuscrit.
Je suis sûr que tout le monde a déjà lu au moins un livre d'elle!
Sinon voila donc ce qu'elle m'a répondu;
Je viens de lire ton manuscrit. Une remarque, avant tout : j'ai du mal à
imaginer que l'on puisse écrire ainsi à 15 ans. Le ton employé, les sujets
abordés, l'orthographe (presque) parfaite, les tournures assez alambiquées
et même un peu désuètes par moment me font douter ‹ peut-être à tort mais je
ne peux m'en empêcher ‹ du fait que ce soit l'¦uvre d'un adolescent. Si
c'est le cas, chapeau ! Tu as dû beaucoup lire, et très bien assimiler la
littérature des XVIII ème et XIXème siècle pour en arriver là !
Donc, au niveau du style, rien à redire ‹ sauf qu'il n'est pas très actuel,
mais après tout, pourquoi pas... En revanche, tu abordes deux genres très
difficiles à publier, même pour des auteurs confirmés : la nouvelle et le
poème. L'un et l'autre ne se vendent pas ‹ ou très peu, lorsqu'il s'agit de
signatures connues par ailleurs. Il est donc normal que les éditeurs le
refusent (et pas seulement UN SEUL comme c'est le cas, chose qui semble te
bouleverser alors que rien n'est plus banal. Mes trois premiers manuscrits
sont encore dans mes tiroirs, après m'avoir été refusé une bonne dizaine de
fois chacun, et trente ans plus tard, ayant à mon actif plus de deux cents
livres publiés - dont plusieurs best-sellers -, je me vois encore refuser
des manuscrits. Ce qui, d'ailleurs, ne m'affecte pas outre mesure : la
modestie est de mise, dans ce métier. Un égo surdimensionné est bien
encombrant... et empêche de progresser. Comment continuer à se
perfectionner lorsqu'on se trouve génial ?)
Après cette digression, je continue. Une autre chose me dérange dans ton
manuscrit ‹ et serait redhibitoire si j'étais éditeur ! ‹ : ta préface. Un
bon texte se défend tout seul, il n'a besoin ni qu'on l'explique ni qu'on
le justifie, surtout soi-même (autre chose est une préface faite par une
personne célèbre qui, en quelque sorte, avalise le livre.) Pour les mêmes
raison, je te déconseille fortement de joindre à ton envoi le texte
d'accompagnement. Un simple : " Veuillez trouver ci-joint un manuscrit qui,
je l'espère, retiendra votre intérêt " me semble à la fois plus adroit et
moins irritant. Quant à commenter les réactions des autres éditeurs, alors
là ! Comme maladresse ! (Ceci dit, à quinze ans, c'est bien normal d'être
maladroit !)
En gros et pour me résumer, je suis assez d'accord avec le courrier de refus
de ton manuscrit : tu es extrêmement doué, ça ne fait aucun doute. Mais ce
n'est pas suffisant pour devenir auteur. Il te faut, à présent, domestiquer
ce monstre qui t'habite, pour le rendre sympathique, d'abord aux éditeurs
et ensuite aux lecteurs ‹ sans pour autant te trahir, bien entendu! Et
surtout ne pas te laisser décourager par les refus. Il y en aura d'autres,
et beaucoup. Tu dois t'y attendre. Tous les gens qui vivent de leur plume
sont confrontés à cela, et c'est tant mieux. Le regard critique posé sur
notre ¦uvre par les professionnel du livre nous pousse à aller au-delà de
nous-mêmes et nous force à la modestie ‹ deux qualités primordiales pour un
bon écrivain.
Voilà. J'espère ne pas t'avoir semblé trop dure. Rien ne t'empêche, si tu
veux encore tenter la publication de ton manuscrit, de l'envoyer à plusieurs
éditeurs à la fois. Tu multiplieras tes chances d'intéresser quelqu'un. Va
voir sur le site "Electre" si tu as besoin d'adresses, et... bonne chance !
GUDULE
PS : être "introduit" par quelqu'un déjà dans le milieu littéraire est
ABSOLUMENT INUTILE. C'est une idée reçue complètement fausse, et
heureusement ! Seule la qualité du manuscrit présenté est prise en compte.
Génial non? Quoique....Je suis partagé!
Et vous en pensez quoi?
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